Incendie
Dans la nuit du 9 au 10 mai, un incendie a entièrement dévasté le bâtiment de 250m² qui abritait la production de pleurotes (stockage de matière premières, production du substrat, fructification) et les rondins de shiitakés ensemencés cette année.
Le système de pompe et d'irrigation a aussi été endommagé et ne permet plus d'assurer la production des shiitakés sous les serres. Le tracteur et la brouette à moteur sont eux aussi calcinés.
La reconstruction pourrait durer plus de 24 mois. Je travaille dès à présent à un scénario de culture temporaire. Quand les éléments en seront posés, j'en évaluerais ensuite la faisabilité.
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Est-ce possible ?
Intéressé par la culture de shiitakés sur rondins, je me pique au jeu. C'est une culture qui nécessite peu d'énergie primaire (pas de stérilisation) et qui semble pertinente dans le monde d'aujourd'hui. Pourquoi n'y a -t-il pas de producteurs en France alors que ce mode de culture se pratique en Amérique du Nord, au Japon, en Corée ? Je passe à temps partiel sur mon activité salariée et consacre une journée par semaine à cette question. J'inocule 300 rondins et fait varier à la fois l'essence de bois et le type de souche utilisée.
Premier lieu d'expérimentation
Il faut trouver un premier lieu pour accueillir ces rondins. Je pars à la recherche de parcelles susceptibles de m'accueillir : proximité d'un chemin, ombrage naturel, accès à l'eau pour le trempage. Un travail fastidieux : repérer des secteurs sur cartes et vue satellites, valider les parcelles en se rendant sur place, trouver les propriétaires avec le cadastre, aller les rencontrer un par un pour les convaincre du projet d'un "fou" qui veut mener un projet agricole atypique en forêt. Je finis par rencontrer Jean-Claude qui me prête un bout de parcelle en bord de rivière à 600m d'altitude dans une combe au dessus de Veurey, dans le Vercors.
Hum... c'est délicieux !
Deux ans d'incubation, c'est long ! C'est pourtant la période qu'il faut pour que le mycélium s'installe dans les rondins et soit prêt à donner des champignons. Au printemps 2020 je vois mes premiers champignons apparaître sur les rondins. Quel plaisir et quel bonheur! Je goûte mes premiers shiitakés sur rondins. La photo vous montre la différence esthétique entre un shiitaké sur paille et un shiitaké sur rondin. Je vous laisse imaginer la différence en terme de goût et de texture....
Photo : exploitation de Marco Demacon dans les Vosges
Se former pour apprendre
C'est une chose de faire pousser des champignons en suivant les conseils d'un livre de permaculture. Ça en est une autre d'en faire son métier ! Je décide d'aller plus loin, en reprenant des études pour faire un bac pro horticole et des stages d'immersions pendant mes congés. Je prévois de passer 4 semaines chez Vincent de Violon et Champignons au Canada, une référence du domaine. Le covid arrive et l'espace aérien est fermé la semaine avant mon départ. Quel dommage! Je me forme à partir des nombreux livres sur le sujet, et j'améliore à cette occasion mon anglais ! Je découvre ensuite l'exploitation de Marco lors d'un stage dans les Vosges. Il cultive le shiitaké sur rondins en intérieur et a déjà de nombreuses années d'expérience !
Un nouveau lieu !
Mon travail pour trouver un lieu de production pérenne se poursuit. Je rencontre Anne-Marie et Jean-Claude qui acceptent de signer avec moi un bail agricole sur une parcelle ombragée, à proximité de la Vence en Chartreuse.
Fort des premiers résultats sur les shiitakés, j'inocule de nouvelles séries de rondins avec les souches et essences de bois les plus prometteuses. Je trempe les rondins dans la rivière en contre-bas pendant 24h pour déclencher la fructification.... et les retrouve parfois à plusieurs kilomètres quand la rivière les emmène !
J'expérimente aussi avec un succès très modéré la culture d'autres types de champignons sur rondins : pleurotes, pholiotes, Reishi, Lion's Mane.
Malheureusement, je n'arrive pas à sécuriser mon accès à l'eau en lien avec mon voisin du bas. Je dois repartir à la recherche de foncier.
2020
2021
Je me lance !
Je suis décidé, cultiver des champignons ne sera pas juste un hobby, ça sera un métier !
Je quitte mon emploi salarié pour pouvoir me consacrer à temps plein aux champignons.
Je m'immatricule auprès de la Chambre d'Agriculture, et je réfléchis avec l'ADDEAR et l'afocg aux aspects technico-économiques de mon activité. J'obtiens l'aide à l'installation des jeunes agriculteurs (fonds européens).
Pour sécuriser l'activité, je décide d'y ajouter un atelier de culture de pleurotes. Pour rester cohérent avec l'esprit initial, elles seront cultivées sur copeaux de bois dans des seaux plastiques réutilisables.
Dernier déménagement. Des parcelles à proximité du col de Vence, sur le début de la Chartreuse m'accueillent. Une forêt jeune, une source, un accès à l'électricité et à l'eau potable, la possibilité de construire un bâtiment : les ingrédients sont là pour en faire mon lieu de production définitif.
C'est les premiers pas de l'Arbre à Champignons !
Première saison
Chaque rondin dispose de son numéro d'identification. Cela permet d'assurer un suivi des récoltes, de la souche de champignons, de l'essence de bois et de la date d'inoculation... Rien que ça !
Pour cette première saison, les ventes se font uniquement avec les restaurateurs et permettent de valider les prix de ventes et le mode de production. Merci à nos voisins de la Corne d'Or d'avoir joué le jeu !
Un toit pour pousser... et travailler
4 ans déjà que j'ai coupé mes premiers rondins. Je réfléchis à l'organisation globale de la ferme. Plans de circulations, plans de bâtiments, plans de production. Permis de construire obtenu fin avril, je reçois le bois pour la construction du bâtiment fin août. Le challenge? Être abrité pour l'hiver ! On coupe, on débite, on assemble. Pari réussi ! Merci à Victor, Michel et les autres pour leur aide précieuse !
Le bâtiment de 250m² est destiné à stocker le matériel et les matières premières, permettre la production de mycelium, le stockage et la transformation des champignons ainsi que tout le cycle de production des pleurotes.
Merci à Yves pour le prêt d'espace temporaire en attendant que le bâtiment soit fonctionnel.
Développer la production et les ventes
2023 marquent les premiers marchés du mercredi à Meylan ainsi que les premières livraisons au magasin de producteurs de Biviers.
Des serres sont installées : combinaison d'ombrage naturel et artificiel, elles permettent de s'approcher des conditions d'un sous-bois en apportant lorsque c'est nécessaire de la brumisation.
Pour les pleurotes, j'ai fait le choix de faire mon substrat moi-même à partir de copeaux de bois. Il ne faudra pas moins de 8 mois avant de stabiliser le processus complet de production dans le nouveau bâtiment !
Faire découvrir de nouvelles variétés
Certains d'entre-vous ont probablement goûté nos pleurotes de l'orme cultivées à l'extérieur, nos pleurotes "perle noire" ou pholiotes "noisettes". Des délices ;-)
Incendie du bâtiment
L'aventure s'arrête. Temporairement ? On l'espère !
Avec votre soutien et celui des assurances, on compte bien repartir au plus vite !
Découvrez notre production
Shiitakés
Nos Lentins du Chêne, nom français du shiitaké, sont cultivés en extérieur sur rondins de bois. Cela leur confère un goût et une texture inégalés qui n'ont rien à envier aux champignons sauvages. Ils poussent du printemps à l'automne. La situation de notre ferme, en altitude, permet aux champignons de se développer lentement grâce à l'alternance des nuits fraîches et des journées chaudes.
Pleurotes
Nous fabriquons nous-même le substrat sur lequel poussent nos pleurotes : comme dans la nature, il est constitué de bois. Le bois est broyé avant d'être mélangé au mycélium. En hiver, nos pleurotes poussent en intérieur. Dès que les températures deviennent plus clémentes, nos pleurotes poussent à l'extérieur dans une approche agroforestière.